"Armageddon social" : le trafic s'effondre !

Ce qui se passe, et ce qu'on peut faire

Cyrille Frank

François Defossez

Orlane Tonani Guéguen

, and

Robin Emptaz

Oct 11, 2023

Bonjour à toutes et à tous,

Bienvenue notamment aux nouveaux lecteurs du Figaro, du Monde, Le pays Gessien, Science Po Lyon ou Mind Media… Et merci aux fidèles !

Cette semaine, la chute du trafic social en provenance de Facebook et Twitter a beaucoup agité les community managers. Une étude révèle l’ampleur et l’ancienneté du problème.

On a vécu une actualité très sombre au plan international, à laquelle s’est ajouté le décès brutal d’Ari Assuied, le fondateur de Cafeyn. Nous avons une pensée émue pour sa famille et ses proches.

Seule bonne nouvelle en magasin : notre apéro du jeudi 19 octobre, pour faire connaissance, parler média et IA.

Bonne semaine :)

🔎 Le trafic venant de Meta et Twitter est en chute libre. Il est urgent de penser aux alternatives.

[Par Cyrille Frank, directeur de la formation]

Le trafic de Facebook et de Twitter vers les sites d’information mondiaux s’est effondré ces dernières années, selon les données de Similarweb.

Ce dernier estime la chute moyenne des gros sites d’actualité à 55% entre avril 2020 et mars 2023. C’est ce qui a tué certains éditeurs comme Buzzfeed News ou Vice, trop dépendants de ce canal de diffusion (-85% de trafic provenant de Facebook pour Buzzfeed News, entre mars 2020 et 2023).

La pression réglementaire sur la modération et la question des droits voisins sur la rétribution des contenus média ont poussé les plateformes sociales à donner moins de poids à ce type de liens.

Google, en mars 2022, avait consenti à payer les médias de la presse d’information politique et générale. Mais Facebook ne l’entend pas de cette oreille et a décidé de bloquer toutes les news sur son réseau au Canada.

La semaine dernière,Twitter a choisi pour sa part de ne plus afficher les titres et accroches sur les partages, pour éviter de se voir réclamer une part des revenus sur la visibilité de ces articles.

C’est une façon aussi de forcer la rétention sur le réseau et d’inciter aux partages “en natif” sur la plateforme. Certains, comme Sofoot ont réussi à contourner les Twitter cards. D’ailleurs, comment ont-ils fait ? On aimerait bien le savoir 😇

Il faut dire que les réseaux sociaux ont moins besoin des contenus d’actualité que Google. Surtout à un moment où les gens évitent de plus en plus une actualité angoissante, pour se préserver (36% en France en 2022).

Virginie Clève, experte SEO constate cette baisse de trafic social pour les médias:

“Le buzz, les fake news et l'entertainment, ça engage fort et ça ne coûte rien. Etant donné que la majorité des annonceurs sont des PME, la "Brand safety" est un critère de décision pas si important pour arbitrer les budgets.”

Les éditeurs dépendants du trafic pour leurs revenus publicitaires doivent donc trouver de nouveaux relais de diffusion.

Certains se sont déjà reportés sur des réseaux qui ont la faveur des 18-24 ans : Instagram, Snapchat et TikTok
Sans oublierYoutube, incontournable outil d’information pour cette tranche d’âge (72% d’usagers) et audience globale massive (52 millions d’utilisateurs).
Pour toucher les plus âgés, Linkedin s’impose comme la plateforme la plus efficace et devrait passer le cap du milliard d’utilisateurs en 2024.
Certains misent sur WhatsApp qui avec son nouvel outil “channels” semble idéal pour développer des communautés. C’est notamment le pari de Reach ou de Nice Matin

Mais ce énième changement d’algorithme des plateformes devrait surtout inciter les éditeurs à se concentrer sur leurs propres produits : newsletters, sites et applications. Surtout avec l’imminence de la fin des cookies tiers début 2024 qui va compliquer la monétisation publicitaire, surtout pour les petits éditeurs.

Et s’unir pour défendre leur propriété intellectuelle vis-à-vis des plateformes et de l’IA, qui menace leur survie, comme le rappelle Emmanuel Parody.

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📊 Les chiffres qui comptent

-1% d’audience mais - 20% de durée d’écoute

TF1 n’a perdu que 1% d’audience cumulée entre février 2021 et février 2023 (environ 55 millions de téléspectateurs), mais enregistre une chute de 20% de la durée d’écoute sur la période.

Ce déclin des usages entraîne une baisse des revenus de la publicité linéaire que ne compensera la hausse de la publicité numérique qu’en 2036, selon les calculs d’Alain Le Diberder. La rentabilité de la publicité numérique étant bien moindre.

83% des revenus toujours liés à l’imprimé

Le nombre d’abonnés numériques de Ouest-France atteint 240 000, ce qui représente une très belle progression par rapport à fin 2021 (environ 50% de progression versus les 159 300 abonnés recensés par Mind).

Mais le papier représente toujours 83 % du chiffre d’affaires du titre. Le groupe, lui, enregistre environ 30 millions d’euros de marge brute pour un chiffre d’affaires de 560 millions d’euros, d’après La Correspondance de la Presse.

🎧 Actus.fr : les coulisses du portail aux 100 millions de visites par mois

[Par Orlane Tonani-Guéguen, assistante de production de podcasts]

Cette semaine, Francis Gaunand, président du groupe PubliHebdos, est passé au micro de Mediarama pour nous parler de la réussite d’actu.fr :

Un modèle économique hybride avec le numérique qui représente 21% des revenus du groupe
Le portail actu.fr permet de fédérer l’ensemble des titres hebdomadaires de PubliHebdos pour mieux les valoriser
Les perspectives futures pour le marché de la presse locale et régionale : entre consolidation, partenariats stratégiques et diversification

👉 Ecoutez l’épisode par ici

⭐️ La bonne pratique

Pour minimiser le risque de désabonnement, de nombreux éditeurs, notamment aux États-Unis, optent désormais pour des essais plus longs (3 mois) dans l'espoir de fidéliser les nouveaux abonnés. Les éditeurs travaillent de plus en plus cette période “d’on-boarding” pour encourager une habitude régulière.

🗞️ Du côté des médias

La Tribune Dimanche veut séduire les anciens lecteurs du JDD
Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach est mort à 86 ans
👉 Lire aussi sa biographie plus “incisive” des Jours
“Il n'y a que moi que ça choque ?”, le livre de Rachid Laïreche décrit la “bulle” d’entre-soi et de connivence malsaine des journalistes politiques

📱 Du côté des plateformes

📆 L’événement : l’apéro de Médiarama

On vous invite à un nouvel apéro média le 19 octobre dès 19h. Au programme :

19h - Accueil chez CosaVostra (71 rue de Saussure, Paris 17e)
19h30 - Comment les médias tirent parti de l’IA - présentation par Olivier Martinez
20h-21h30 - Apéro et networking

👉 Inscrivez-vous via ce lien

🤖 Et arriva l’IA…

Nicolas Galland s’est servi de ChatGPT pour réécrire les messages marketing des médias. Ce miroir déformant est assez utile pour mieux percevoir le positionnement de sa marque. et puiser quelques idées au passage.
En Europe, des règles plus strictes pour les modèles de langage comme GPT-4
Adobe Express se sert de l’IA pour reconnaître et traduire du texte dans des images (voir la video de démo dans le lien Twitter)

🔧 Ça pourrait vous servir

Canva lance Studio Magique, une gamme d’outils de conception graphique basés sur l’IA. Changez le format, la langue et les dimensions de vos designs pour gagner en rapidité et efficacité.

🕵️ Offres d’emploi

👀 Toujours là ? Quelques mots sur nous, alors…

📍Mediarama fait partie de Cosavostra, cabinet de conseil et agence digitale

📍Mediarama est leader en France dans son activité de conseil pour les médias avec plus de 100 médias accompagnés sur plus de 140 projets.

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