Le divertissement au secours de la presse
Le Monde, Le Figaro et d'autres s'y sont mis sérieusement
Bonjour à toutes et à tous,
Ravis de vous retrouver pour ce 48e épisode, et un peu plus d’un an depuis la 1e édition dédiée au traitement du climat dans les médias.
Bienvenue aux nouveaux lecteurs et lectrices, notamment des Echos, France TV, Université de Nantes, Bayard, ChangeFactory… Et merci à tous pour votre fidélité !
Cette semaine, on se penche sur la stratégie de diversification éditoriale des grands médias généralistes vers les contenus de loisirs et de divertissement. Et comme toujours : chiffres clés, actus, bonnes pratiques, outils…
Bonne lecture !
L’équipe de Médiarama
🔎 Les grands éditeurs se diversifient vers des contenus non liés à l’actualité et ça paye !
[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique médias]
C’est ce que montre un bon article de Press Gazette (en anglais)
Ainsi, le “bundle” du New York Times est devenu l’un des moteurs de la croissance de ses revenus. Cette offre groupée permet aux abonnés d'accéder aux principales actualités, ainsi qu'à son application de cuisine, ses jeux, sa rubrique consommation (Wirecutter) et sa verticale sport (The Athletic).
C’est l’offre la plus profitable pour le New York Times. Au cours du dernier trimestre, le revenu mensuel moyen par utilisateur était de 13,40 $ pour les abonnés au forfait complet ou à au moins deux des produits, contre 9,29 $ pour les abonnés aux informations uniquement (soit un rendement de +44%)
Dans un contexte de lassitude vis-à-vis de l'information et de baisse du trafic des sites d’information, certains éditeurs misent sur l'intérêt croissant du public pour les loisirs, le style de vie et autres passions.
On sait que l’actualité n’est pas le centre d’intérêt principal de la majorité des lecteurs, loin s’en faut, comme le montre notamment cette étude de la Fondation Descartes en mars 2021 :
Elargir son offre éditoriale pour recruter des abonnés
Le Figaro a lancé deux applications autonomes de cuisine, Le Figaro Cuisine, et de mots-croisés. Ces services, en partie gratuits, contribuent à renforcer l’attractivité de l’offre payante du Figaro en ligne. Ils alimentent aussi le recueil des données utilisateurs qui permettent le ciblage marketing.
Le Monde également, propose une offre payante vers sa verticale jeux, tout en offrant une partie de ces contenus aux abonnés du titre. Le quotidien cherche ainsi à muscler son offre globale pour recruter des abonnés “actu”, et en même temps, à séduire ceux que seul le divertissement intéresse.
Acquérir du trafic monétisable
Par ailleurs, le trafic vers les sujets non liés à l'information est en hausse selon les données de Similarweb. Le trafic SEO de ces verticales souvent recherchées est en outre amplifié depuis l’irruption de Google Discover.
Ainsi, Wirecutter et les mots croisés du New York Times ont vu leur trafic augmenter, tout comme la section voyages de The Independent ou celle du Sun.
Cette audience est bien monétisée via des publicités affinitaires. Elle permet aussi d’alimenter le tunnel de conversion, pour recruter des abonnés numériques.
Se pose néanmoins la question de la concurrence de ces géants généralistes vis-à-vis des acteurs spécialisés de taille petite ou moyenne.
👉 Why publishers are investing in non-news verticals to grow revenue
👉 Abonnements en ligne : 7 illusions qui entravent le recrutement
On vous a partagé cette newsletter ? Recevez les prochaines chaque mercredi matin :
Vous aimez cette newsletter ? Partagez-la autour de vous ❤️
📊 Les chiffres qui comptent
-49% à -75% de reach pour les Reels Intagram
Les Reels auraient subi une baisse de reach importante entre 2022 et 2023, de l’ordre de -49% à -75%. Le reach moyen des Reels est compris entre 12,48% et 62% pour les comptes disposant de 10.000 à 50.000 abonnés. A comparer au reach entre 5,9% et 29% des posts Instagram classiques.
63 ans : l’âge moyen de l’audience du JT de France2
Celui de TF1 s’établit à 57 ans en 2022-2023, selon Médiametrie cité par Le Monde. En radio, ce n’est guère plus jeune. L’âge moyen de l’auditeur de Franceinfo est de 55 ans en 2023. Il était de 48,3 ans en 2003 et 52,3 ans en 2013.
57% des utilisateurs n’utilisent une app qu’une ou deux fois avant de décider de la conserver
Et près des trois quarts des consommateurs (73%) décident de supprimer une application “une semaine ou deux après la première utilisation”. L’étude complète de Airship sur l’usage des applis mobile.
📢 La déclaration
Patrick Cohen, dans une interview pour l’Express, suite à son documentaire “Mystifications” :
“La fonction du journaliste, c’est d’essayer de produire des vérités. Mais le modèle économique des médias, c’est de fabriquer de la controverse.”
🎧 Chut! Media : la culture numérique pédago et inclusive
[Par François Defossez, head of Medias]
Cette semaine, Médiarama a reçu Sophie Comte, co-fondatrice de Chut! Media.
Le concept : explorer et décrypter les cultures numériques de manière transversale, pédagogique et féministe
L’origine du nom : s’affirmer en opposition au déluge informationnel
Quelques chiffres : 15% de femmes seulement travaillent dans la tech, biais de conception masculin des outils, de représentation etc. Il y en avait plus dans les années 80 qu’aujourd’hui ! 60% de lectrices du magazine
Le modèle d’affaire : magazine bimestriel vendu par abonnement, en kiosque (pour la visibilité), librairies (10.000 à 15.000 ex). Plus des diversifications : brand content, événementiel, Chut! Explore pour les ados …
👉 Ecouter l’épisode complet (51 mn 28)
Formez-vous pour la rentrée : IA, update SEO, nouveaux formats et réseaux sociaux, audience et acquisition d’abonnés... Consultez notre catalogue en ligne et bénéficiez d’une prise en charge, car nous sommes certifiés Qualiopi.
⭐️ Au rayon UX
[Par Samy Snider, Lead UX Designer chez CosaVostra]
En moins d’un an d’existence, Semafor annonce avoir franchi la barre des 10 millions de $ de revenus. Comment ? La moitié grâce à la publicité, le reste via ses évènements premium (avec des marges allant jusqu’à 75%).
Le publireportage chez Semafor se démarque des articles d’actualité par une discrète amorce "A message from" suivi du logo de l'annonceur, et une légère différence de teinte du fond de l'encart de la publicité.
Ce dispositif discret permet à la fois au média de respecter les règles de transparence publicitaire, et de ne pas perturber l'expérience utilisateur.
La cohérence de l'expérience est également préservée, car ces contenus adoptent le format original des articles de Semafor (baptisés Semaform, pour rappel).
🗞️ Du côté des médias
Chez Marie Claire, la première SDJ de l’histoire du média se constituent face à la menace rampante de l’IA
Les premiers détails sur les États Généraux de l’Information sont dévoilés
The Economist met ses podcasts derrière un paywall et lance une offre d’abonnement spéciale
Diverto, premier magazine de France, avec 3,2 millions d’exemplaires diffusés au premier trimestre 2023
📱 Du côté des plateformes
Google Actus teste les noms des auteurs dans les extraits d'articles (anglais)
Où en est Bluesky, l’alternative à Twitter ? Réponse en chiffres (anglais)
Changements d’algo : comment s’adaptent les social media manager ?
Elon Musk évoque la mise en place d'un "petit paiement mensuel" pour utiliser Twitter
🤖 Et arriva l’IA…
Comment l’IA personnalisée pourrait devenir un “ami-ennemi” (anglais)
En rédaction, l’édition et le résumé sont les 1ers pas vers ChatGPT (anglais)
Comment l’IA permet des Deepfakes toujours plus impressionnants
Une entreprise remplace plus de 200 salariés par une intelligence artificielle
"Les PowerPoint et les tableaux Excel croisés, c’est fini” : comment l’IA bouleverse le métier de consultant
⭐️ La bonne pratique
[Par Robin Emptaz, Consultant médias chez CosaVostra]
C’était déjà le cas sur Telegram et Instagram;Whatsapp s’y met désormais. La messagerie offre la possibilité de créer des “channels” publiques pour que ses utilisateurs puissent "se tenir informés des sujets qui les intéressent". ENFIN !
À l’heure où la population passe de plus en plus son temps sur les réseaux sociaux, une telle fonctionnalité offre la possibilité aux médias :
De créer un lien personnel avec leurs abonnés, comme avec les newsletters
D’utiliser un canal plus direct pour informer, à la manière des pushs
De s’inscrire dans les usages des publics sujets à la “news fatigue”, et de ne plus dépendre des algorithmes pour faire circuler les news
En somme, c’est une nouvelle façon de raconter l’actualité. Chapeau bas à Snowball.xyz qui était précurseur avec ses Flash Report (l’actu éco et financière quotidiennes en 10 points) directement dans le WhatsApp de ses abonné.e.s.
Alors, quelle est votre raison de ne pas vous y mettre ?
PS : Si la fonctionnalité n’est pas encore disponible chez vous, voici un lien pour être prévenu, dès que ce sera le cas !
🔧 Ça pourrait vous servir
OpenAI a développé une nouvelle fonction sur ChatGPT : les instructions personnalisées.
Elles autorisent les paramètres par défaut, ce qui vous évite plusieurs itérations avant d’arriver à une réponse satisfaisante.
Par exemple, en choisissant la taille des réponses, en optant pour un ton particulier ou en s’adaptant à un public précis. Cet article vous guide pas à pas.
🕵️ Offres d’emploi
Le Pèlerin, titre du groupe Bayard, recherche un.e Chef.fe de Rubrique
Le Parisien recherche un.e alternant.e Product Manager Junior pour intégrer ses équipes produit Apps mobile
Altice Media recherche un.e Responsable CRM et Data et un.e Responsable produit digital BFM Business en CDI. Pour postuler, CV à envoyer à anthony.capon@alticemedia.com
👀 Toujours là ? Quelques mots sur nous, alors…
📍Mediarama fait partie de Cosavostra, cabinet de conseil et agence digitale
📍Mediarama est leader en France dans son activité de conseil pour les médias avec plus de 100 médias accompagnés sur plus de 140 projets.
📍 L’agence emploie une centaine d’experts (studio UX / UI, développement / intégration, acquisition / growth), et des consultants triés sur le volet (formation, recherche de financement, conseil)
Vous avez un projet ? Une idée en tête ? Besoin d’une formation ? Parlons-en !👇